ootd J’arpentais les couloirs du commissariat, des archives jusqu’aux bureaux, les bras chargés des dossiers clos, et dans la poche de mon pantalon, mon téléphone sonnait inlassablement. Même en silencieux, le vibreur de l’appareil me paraissait faire autant de bruit qu’un avion au décollage. «
Tu devrais répondre Sena… pour sonner à ce point, c’est peut-être important. » Je lui offrais une grimace en guise de sourire et secouais la tête. «
Crois-moi… il n’y a rien de moins urgent que cet appel ! » Je savais pertinemment qui m’harcelait sans cesse et surtout, pourquoi elle le faisait. Mira et sa fâcheuse tendance à m’embarquer dans ses projets de soirées foireuses… Je poussais un soupire alors que mon téléphone se mettait à vibrer une nouvelle fois, mais je restais inflexible et n’y répondais pas. Il me fallut souffrir de plusieurs nouvelles tentatives jusqu’à ce qu’enfin ma poche cesse de s’agiter. Etait-ce bon signe ? Avait-elle finalement abandonné ? J’expirais de soulagement lorsque les portes en verres s’ouvrirent sur deux visages que je ne connaissais que trop bien.
«
Sena ! » Mon prénom résonna comme un coup de fouet dans le hall d’accueil et je la gratifiais aussitôt d’une moue agacée. «
Mira ! » répondis-je sur le même ton. «
Je travaille, à moins que tu n’aies un problème qui requiert l’intervention des forces de l’ordre, sinon, je te demanderais de partir. » Mais même l’évidence ne savait la retenir. D’un air taquin, elle me présentait ses poings comme pour que je lui passe les menottes. «
S’il faut que je sois arrêtée pour que tu daignes enfin m’écouter… soit, jettes moi au cachot ! » Devant sa prestation, les regards se tournaient vers elle, et ils n’étaient pas seulement curieux de ses talents d’actrice, sa tenue en laissait une majorité bouche bée. À la fois exaspérée et amusée, je m’accoudais au comptoir et me tournais vers elle. «
Accouches… tu as cinq minutes, dépassé ce délais, je t’enferme. » Un sourire rayonnant étira ses pulpeuses et il n’en fallut pas moins pour qu’elle me relate les détails des plans d’une soirée détente parfaite… selon ses dires. La seule chose que je comprenais en revanche, c’est qu’elle ne me lâcherait pas tant que je n’avais pas répondu par la positive. L’enthousiasme non feint, elle avait déjà tout prévu pour réparer le petit cœur brisé de Yoomi… «
Bien ! C’est bon… je viens si tu te tais. » capitulais-je.
Mes yeux chutèrent sur ma tenue, soigneusement choisie par Mira, des collants résilles sous un short bien trop court, un corset qui soulignait ma poitrine et une bonne dose de maquillage. J’avais accepté ce rencard en sachant pertinemment à quoi il ressemblerait : une soirée en boite de nuit dans des tenues aguicheuses et avec pour seul mot d’ordre : boire jusqu’à oublier son prénom. Mais si j’avalais quelques verres facilement, je savais également où se trouvait ma limite. Lorsque les lumières devenaient un peu trop vives, la musique un peu trop forte, les gestes un peu trop lent… «
J’ai besoin de prendre l’air. » lançais à mes amies. Et sans attendre leur réponse, je fuyais déjà les lieux du crime.
La brise fraîche vint caresser mes joues rougies par l’alcool, et ce fut cet instant précis qu’un illustre inconnu choisi pour venir m’aborder.
Tocard pensais-je. Le cliché même du mâle en manque, qui avait soigneusement attendu que l’une de nous ne s’écarte du troupeau pour se faciliter la tâche. Combien de femmes avait-il accosté depuis le début de la soirée ? Je l’écoutais d’une oreille se présenter. Un laïus visiblement parfaitement appris, accompagné d’une moue qui se voulait charmeuse. Il apposa une main sur mon épaule, un geste que j’évitais sitôt qu’il m’avait effleuré. Je pouvais facilement le rembarrer, même avec quelques verres de trop. Etait-ce la liqueur qui me rendait plus docile et joueuse ? J’éprouvais l’envie curieuse de savoir jusqu’où il pouvait aller, et mon sourire forcé sembla lui ouvrir la porte. Des allusions, des sous-entendus, des propositions indécentes, à chaque phrase il s’approchait un peu plus. Trop sans doute. Si je comptais le remettre à sa place, j’étais loin, très loin d’imaginer la scène qui se déroulait sous mes yeux. Ils étaient deux maintenant ? Et puis quoi encore ! Mais je dû me rendre à l’évidence : macho man n°2 jouait le chevalier servant bien plus que l’amoureux transit. Venait-il donc sauver la demoiselle en détresse ?
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OXYMORE